Pourquoi le chômage keynésien est-il involontaire ?

Le chômage keynésien, c'est-à-dire le chômage qui résulte d'une insuffisance de la demande effective, est considéré comme du chômage involontaire. Pour quelles raisons ? 

Il est indépendant de la volonté des actifs : il n’est pas dû à un refus de travailler pour un salaire jugé trop faible, mais s’explique par un niveau de demande effective jugé trop faible par les entreprises, qui réduisent en conséquence la production et donc l'emploi.

C’est l’insuffisance de la demande effective qui est à l’origine du chômage conjoncturel, selon Keynes. Cette insuffisance de la demande effective peut être due à des chocs de demande négatifs, tels que celui que la France a connu en 2009 (Cf. Question 3.11). 

• En 2009, la récession en France est due à la crise financière qui touche l’ensemble de la planète (crise que vous étudierez dans le cadre du Chapitre 4) : elle conduit notamment à un ralentissement des exportations au niveau mondial. La baisse des débouchés des entreprises les incite à réduire leurs investissements.
  
• Pour faire face à la récession, les banques centrales mènent des politiques monétaires expansives et les États mènent des politiques budgétaires expansives. Cependant, face à la dégradation rapide de leurs comptes publics, les États européens adoptent par la suite des politiques budgétaires de rigueur. En effet (vous l’étudierez dans le Chapitre 5), les États membres de la zone euro doivent respecter les critères de finances publiques définis dans le pacte de stabilité et de croissance de 1997 (un déficit public inférieur à 3 % du PIB et une dette publique inférieure à 60 % du PIB). La baisse des dépenses publiques ou la hausse des recettes publiques pèsent sur la demande, la croissance et l’emploi. En règle générale, des politiques budgétaires ou monétaires restrictives sont à l’origine de chocs de demande négatifs.
  
•  En 2020, la pandémie de Covid-19 provoque à la fois une baisse de la consommation, de l’investissement et des exportations : il en résulte une récession à l’échelle mondiale.

À l’inverse, des chocs de demande positifs qui provoquent des anticipations optimistes de la part des entreprises doivent conduire à une hausse de la production, de la demande de travail et de l’emploi, et donc à une baisse du chômage conjoncturel.